[Recherche] L'empoisonneur et l'oiseau.

Pendant ce temps , quelque part, assise devant  dans un bureau en acajou richement orné, une silhouette familière était penchée sur un manuscrit qu’on venait de lui apporter . C était un rapport lapidaire . «  La Caravane se reforme. Ils vous cherchent à nouveau. Mercenaires sur vos traces . Cavalier solitaire sur la route du Nord aperçu.». La silhouette se voûta un peu plus. Sa main froissant le document . Des volutes de fumée capiteuse s élevaient paresseusement vers les ombres du plafond tandis que l ombre mâchonnait l embout d une vieille  pipe en écume d’en mer finement sculptée . Un sourire sans joie naquit sur le visage du Rouge-gorge, aussi fugace que la lueur d’un poignard au clair de lune. « Ainsi tu ne me laisseras donc pas en paix , mon vieil ami.. »  sa voix grave trahissait à la fois l agacement et la lassitude qu’il éprouvait mais aussi une pointe d amusement . « Voyons quel nouveau jouet tu vas m expédier ».

[justify]Le casernement  des anciens gardes de Menethil était malheureusement détruit depuis le cataclysme. bien peu d’habitants avaient eu le courage de rester et rebâtir cet avant poste historique de l’Alliance. Quand Arael s’approcha du bastion , encore fièrement dressé au milieu du chaos Tel un phare solitaire  dans la nuit, un vieux garde au regard fatigué le renseigna sur son ancien emplacement . Il lui indiqua une zone marécageuse un peu plus à l ouest, près des ruines de l ancien mur d enceinte. Quand Arael fit faire volte face à sa monture pour se diriger vers l endroit indiqué , le garde le héla :  «sauf vot’ Respect m’seigneur Mais vous devriez laisser vot’ monture à l auberge avant , et  oubliez pas de graisser vos botte m’seigneur, vous risquez de vous faire aspirer par là dedans ! La vase elle avale tout.. les ruines, les gens, les bestiaux, les souvenirs aussi... » sur ces sages et nostalgiques conseils, Arael pris ses dispositions et put finalement explorer la zone. Il lui fallait longer la côte, dont le trait avait été totalement modifié depuis le cataclysme, et il dut dépenser  beaucoup de temps et de sueur dans l’air moite et les relents fétides des marécages avant de trouver ce qu il pensait être une piste : quelque chose affleurait de la berge boueuse , une silhouette minérale , peut être bien la fameuse statue dont les archives de Menethil faisaient mention . En commemoration d’une bataille décisive qui sauva la cité, on avait érigé il y a des decennies une statue à l effigie de celle qui mena la contre attaque la plus célébre de l histoire des guerres contre les peaux vertes . Le folklore local regorge encore de chansons populaires et d anecdotes sur la Capitaine intrépide , la « vierge de fer », le « fléau d’unsikaa ». Cette statue de Yukimara Phalan’hel avait été l ornement de la place d arme de l ancienne caserne, destinée à veiller et inspirer les futures générations de soldats.

Rien ne venait briser le silence hormis le bruit mouillé de la proue du navire s'abaissant et se relevant au rythme  paresseux du clapot. Cela convenait parfaitement à l'humeur d'Egaeus. La vision de l'Arbre-Monde complètement calciné avait fini de consumer ses derniers espoirs de retrouver ce qui restait de sa famille. Oloraë avait disparu dans le brasier innommable de cette guerre stupide.
Egaeus s'essuya la joue. Etaient-ce les embruns glacés ou ses propres larmes qui ruisselaient sur son visage, impossible à dire.

Il s'emmitoufla dans sa cape , sortit sa vieille pipe, et dans un soupir, l'alluma à l'abri du gaillard d'avant. les yeux perdus sur l'horizon, il réfléchit à ce qu'il allait faire à présent. Les Phalan'hel ressortent de l'ombre, et le recherchent, soit. Pour quelle raison ? sans doute les pierres. Le seul motif pour lequel ils auraient encore besoin de lui. Détenteur d'un savoir perdu, il avait forcément une valeur cruciale aux yeux des enfants de Yukimara. Allait-il revenir vers eux en ces temps troublés ? devait-il rester caché ? que devait-il encore à ces gens , après les sacrifices qu'il avait consentis toute son existence ? trop de questions sans réponses.
L'esprit troublé par tant d'inconnu, il se réfugia dans la douce torpeur induite par le feuillerêve. Perdu dans ses songes, les yeux à demi clos, il se mit alors à méditer sur le chemin à suivre. La Brume l'aiderait à y voir plus clair. Ce soir, quand tout le monde serait assoupi, hormis l'homme de quart, il retournerait arpenter ses chemins éthérés pour retrouver sa voie, sans doute y croiserait-il un des descendants maudits qui le traquaient. Une discussion avec eux s'imposait.